jeudi 14 mars 2013

Les industriels de la Défense craignent un scénario noir


                                             Le Rafale lors du conflit armé au Mali
Alors que la publication du livre blanc sur la Défense pourrait intervenir la semaine prochaine, les industriels et les élus ont interpellé le président de la République pour éviter que les activités de défense ne soient pas la variable d'ajustement des coupes budgétaires envisagées par l'Etat.
Un scénario noir pour le futur budget du ministère de la défense circule bien dans les allées de Bercy. A l'heure où le gouvernement demande à tous ses ministères de contribuer au redressement des comptes publics, celui de la Défense serait particulièrement touché. Du moins selon certaines fuites qui ont mobilisé les industriels du secteur mais également les élus de la commission de Défense du Sénat.
Jean-Louis Carrère, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées évoque ainsi le scénario du pire, baptisé scénario Z par les éminences grises de Bercy. Dans ce schéma, les investissements de la nation pour ses activités de Défense seraient réduits à 1,1% du PIB en 2025 contre 1,56% en 2011. "La patrie est en danger car sa défense l'est (….) Il est de l'intérêt de la nation de maintenir son effort de Défense. La France ne pourrait plus tenir son rang dans le monde et connaitrait un déclassement significatif. (…) Notre pays ne serait plus écouté, ni audible (…)", a-t-il précisé lors d’une réunion de la Commission ce mercredi 13 mars.
"L’effort de défense doit être maintenu à un niveau qui permette de préserver la sécurité intérieure et extérieure de la France et sa capacité d’influence. Ce seuil, en deçà duquel il ne faut pas descendre, est de 1,5% du PIB", explique-t-il. Cela représente un effort de l'ordre de 30 milliards d'euros par an. Selon le sénateur, les baisses de budget envisagées par Bercy pourraient entrainer la suppression de dizaines de milliers d'emplois mais également des pertes de compétences et technologiques difficilement récupérables...
"UNE ARMÉE DE POCHE"
Le conflit au Mali souligne d'ailleurs le manque de certains moyens critiques de nos armées en matière de drones, de ravitailleurs, d'avion de transport. "Nous avons de plus en plus une armée de poche" s'est encore désolé Jean-Louis Carrère. Les sénateurs de la commission Défense ont rappelé aussi certaines réalités économiques: le secteur de la Défense emploie au total 400 000 personnes, les ventes à l'exportation de matériel militaire s'élèvent à 5 milliards d'euros par an et contribuent à la balance commerciale autant que l'Agriculture.
A l'approche de la remise du prochain Livre blanc sur la défense au président de la République, sans doute avant la fin du mois du mars, le vent de panique touche également les industriels de la défense. Selon les Échos, les principaux acteurs du domaine (DCNSEADS, MBDA, Nexter, SafranThales...) auraient adressé une lettre au président de la République pour éviter de faire les frais de coupes budgétaires trop brutales.
Une initiative commune exceptionnelle à ce niveau. "Je suis très inquiet que le bubget de Défense serve de variable d'ajustement. On risque de mettre en péril un grand savoir faire français au nom de problèmes économiques plus globaux", avait déjà affirmé Jean-Bernard Levy, nouveau PDG de Thales lors de l'annonce des résultats annuels du groupe début mars. Pour sauver le soldat Défense, c'est décidément l'union sacrée.
Hassan Meddah

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire