dimanche 17 mars 2013

Le ministre de la Défense rend hommage aux deux militaires tués par Merah à Montauban


Jean-Yves le Drian a décoré Abel Chennouf et Mohamed Legouad de la Légion d'honneur à titre posthume et rendu hommage à Loïc Liber, blessé lors de l'attaque et resté paralysé.



Montauban et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont rendu hommage vendredi aux deux parachutistes «lâchement assassinés» et au troisième grièvement blessé par Mohamed Merah il y a un an jour pour jour.
«Qu’il s’agisse d’enfants ou de soldats, ce sont des Français et c’est la France qu’on a voulu toucher. Et c’est la France rassemblée qui se recueille un an après dans le souvenir des drames de Toulouse et de Montauban», a déclaré Jean-Yves Le Drian, lors d’une émouvante cérémonie sur la place d’armes du 17e Régiment de génie parachutiste, situé dans Montauban.
Les assassinats du caporal-chef Abel Chennouf et du caporal Mohamed Legouad avaient fait basculer dans une toute autre dimension l’enquête sur l’assassinat mystérieux d’un autre parachutiste à Toulouse, quatre jours plus tôt. C’est à cause des engagements extérieurs de la France que Merah, délinquant multirécidiviste devenu criminel au nom du jihad, s’en était pris à ces soldats. Le 19 mars, le «tueur au scooter» avait ensuite poursuivi son équipée sanglante en abattant trois enfants et un enseignant juifs à l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, avant d’être tué par le Raid le 22.
Comme il l’avait fait lundi à Toulouse pour la première victime de Merah, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, Le Drian a remis aux deux militaires de Montauban la Légion d’honneur à titre posthume. A 300 mètres de leur caserne, le 15 mars 2012 devant un distributeur de billets, Mohamed Merah abattait les deux parachutistes et laissait pour mort leur camarade, Loïc Liber, avant de ramasser ses douilles et de s’enfuir sur son scooter en criant «Allah Akbar».




Les familles et 300 parachutistes


La cérémonie vendredi s’est déroulée en présence de 300 parachutistes, arborant bérets rouges et treillis d’apparat, et des familles des deux victimes : les parents, frères et sœurs de Mohamed Legouad, les parents d’Abel Chennouf ainsi que son épouse. Mais tous les regards ont été attirés par un petit garçon de 10 mois tout de bleu vêtu : le fils d’Abel Chennouf, né deux mois après la mort de son père et qui, selon sa mère Caroline Monet-Chennouf, l’aide à échapper au «cauchemar». La voix serrée, la mère d’Abel s’est présentée à la presse à la fin de la cérémonie et est parvenue à glisser : «Mon rayon de soleil s’est éteint le 15 mars, abattu comme un chien.»
«Je suis d’habitude un peu froid, mais là j’ai versé quelques larmes. Cela fait du bien la reconnaissance de la Nation, de l’armée, la Grande muette qui n’oublie jamais les siens», a déclaré son père, Albert Chennouf«Je m’attendais à ce qu’il meure en Afghanistan. Il est mort chez lui à la maison», a-t-il ajouté.
Absent de marque mais très présent par la pensée comme l’a indiqué son avocate, Loïc Liber, qui recommence seulement à parler sans assistance mais restera paralysé, devait passer la journée entouré de ses proches à l’hôpital en région parisienne. «Mes pensées vont à Loïc Liber», a dit Jean-Yves Le Drian, saluant «son courage et sa volonté de vivre» qui sont «une leçon pour nous tous».
Montauban a été profondément choquée par ces assassinats. La ville de 58 000 habitants revendique en effet des relations anciennes et fortes avec ses quelque 2 000 soldats et personnels de la Défense, dont 750 au 17e RGP. Les Montalbanais ont été abasourdis de voir frapper en France un régiment auquel ils sont attachés et qui a perdu plusieurs des siens depuis 2008 en Afghanistan.
En début d’après-midi, plusieurs centaines d’entre eux ont assisté au dévoilement d’une plaque, par deux enfants du conseil municipal des jeunes, à la mémoire des victimes, à l’endroit même où elles furent assassinées. Une cérémonie saluée comme «un geste sublime» par Albert Chennouf. Les proches des victimes de Merah n’en auront pas fini avec des commémorations qu’ils jugent nécessaires, bien que douloureuses. Dimanche, le président François Hollande sera à Toulouse à l’occasion d’une marche à la mémoire des victimes du «tueur au scooter».

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