mercredi 30 janvier 2013

Mali. Les militaires français prennent l'aéroport de Kidal


Mali. Les militaires français prennent l'aéroport de Kidal

Mis à jour le  , publié le 
Des soldats français sur une route en direction de Tombouctou (Mali), le 28 janvier 2013.
Des soldats français sur une route en direction de Tombouctou (Mali), le 28 janvier 2013.

(ERIC FEFERBERG / AFP)
Une étape significative de la guerre au Mali a été franchie. L'armée française a pris position, mercredi 30 janvier, sur l'aéroport de Kidal, dernière grande ville du Nord du pays sous le contrôle de groupes armés. Francetv info fait le point sur les dernières informations. 

Quelle est la situation à Kidal ?
Des "éléments français ont été mis en place cette nuit à Kidal", a affirmé mercredi matin à Paris le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Il confirmait ainsi une déclaration d'un responsable de l'administration locale, qui indiquait que le mdeste aéroport de la ville avait été repris. 
Kidal était le fief d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), un groupe islamiste armé allié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mais un groupe dissident d'Ansar Dine, le Mouvement islamique de l'Azawad (MIA), a récemment affirmé tenir Kidal avec les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Le MIA assure rejeter le terrorisme et prôner une "solution pacifique" à la crise dans le nord du Mali. 

Où en est la progression de l'armée ?
Les armées malienne et française avaient déjà repris, ces derniers jours, les deux plus grandes villes du Nord du Mali, Gao et Tombouctou, quasiment sans rencontrer de résistance. En prenant Kidal, les forces armées font basculer la dernière grande ville occupée par les islamistes dans la la région. Voici une carte de toutes les localités reprises. 

Et maintenant ?

Si les principales villes du nord du pays sont repassées sous le contrôle des forces franco-maliennes, les islamistes n'ont pas disparu. Selon une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes, dont le dirigeant d'Ansar Dine Ilyad Ag-Ghaly et l'Algérien Abou Zeïd, un des émirs d'Aqmi, se sont réfugiés dans les montagnes situées à proximité de la frontière algérienne.
En outre, des centaines de personnes ont fui Kidal vers des villages plus au nord, vers l'Algérie, selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU. Celui-ci qui affirme que l'accès à la nourriture et aux biens de première nécessité a été sérieusement affecté par le conflit et la fermeture de la frontière. La gestion de ces deux volets ouvre une nouvelle phase dans l'intervention française au Mali. Pour le correspondant en Afrique du journal britannique The Independant, elle sera "bien plus complexe que la précédente".

lundi 28 janvier 2013

A Tombouctou, les soldats français et maliens accueillis en libérateurs

 A Tombouctou, les soldats français et maliens accueillis en libérateurs

 (Mis à jour: )
Un hélicopère Gazelle de l'armée française, de retour de Tombouctou, atterrit sur la base de Sevare au Mali.
Un hélicopère Gazelle de l'armée française, de retour de Tombouctou, atterrit sur la base de Sevare au Mali. (photo FRED DUFOUR. AFP)
Aux cris de «Mali, Mali, Mali», la foule brandissait de petits drapeaux français et maliens au passage des soldats.
Un des habitants, Mahamane, âgé d’une vingtaine d’années, s’est dit soulagé de cette arrivée après des mois de «souffrance» et de«chicotte» (coups de fouet ou de bâton) infligés par les islamistes armés.
Les groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda contrôlaient Tombouctou depuis avril 2012.
Ils y ont commis de nombreuses exactions au nom de leur interprétation rigoriste de la charia (loi islamique), et ont également détruit des mausolées de saints musulmans et des manuscrits précieux datant de plusieurs siècles, autant de signes «d’idolâtrie», selon eux. Ces exactions et destructions ont suscité l’indignation intarnationale.

Hollande : «Nous sommes en train de gagner cette bataille»

François Hollande a affirmé lundi que la France et ses partenaires africains étaient en train de «gagner la bataille au Mali», mais qu’il appartiendrait aux forces africaines de poursuivre «les terroristes»dans le nord du pays.
«Nous sommes en train de gagner cette bataille», a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse à l’Elysée. «Quand je dis nous, c’est l’armée malienne, ce sont les Africains soutenus par les Français», a-t-il souligné. «La France n’a pas vocation à rester au Mali. En revanche, notre devoir c’est de faire en sorte que nous puissions permettre aux forces africaines de donner au Mali une stabilité durable», a déclaré lors d’une conférence de presse le chef de l’Etat, qui a confirmé «la reconquête des principales villes» maliennes, citant Gao et Tombouctou.
Dans la journée, les militaires ont opéré une manoeuvre conjointe, terrestre et aérienne, avec largage de parachutistes, pour contrôler dans un premier temps les accès de la ville située à 900 km au nord-est de Bamako, avant de la contrôler entièrement.
Français et Maliens contrôlent désormais la «Boucle du Niger», entre les deux principales villes du Nord du Mali, Tombouctou et Gao, au dix-huitième jour de l’intervention française, selon le colonel Thierry Burkhard. 

Destruction de manuscrits

Dans le même temps, les témoignages se multiplient sur la destruction de manuscrits à Tombouctou, devenue la capitale intellectuelle et spirituelle de l’islam en Afrique aux XVe et XVIe siècles et une prospère cité caravanière. Une source malienne de sécurité a fait état d’un«bâtiment abritant les manuscrits, brûlé». Ces témoignages ont été confirmés par le maire de Tombouctou, Halley Ousmane, qui se trouvait à Bamako. «J’ai eu ce matin mon chargé de communication au téléphone. Ce qui se passe à Tombouctou est dramatique», a souligné l'élu. «Le centre Ahmed Baba où se trouvent des manuscrits de valeur a été brûlé par les islamistes. C’est un véritable crime culturel», a-t-il dénoncé.
Certains des manuscrits de Tombouctou remontent à l'ère pré-islamique. L’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba abrite entre 60 000 et 100 000 manuscrits, selon le ministère malien de la Culture. Le maire de Tombouctou a également fait état de la mort d’un habitant, «brûlé vif» par les islamistes, parce qu’il avait crié «Vive la France».
L’opération sur Tombouctou survient deux jours après la prise, lors d’une offensive éclair, de Gao, plus importante ville du nord du Mali et un des bastions des combattants islamistes, à 1 200 km au nord-est de Bamako. «Les choses se passent comme prévu et ce qui est important c’est que le Mali, petit à petit, est libéré» des groupes liés à Al-Qaeda qui, en 2012, avaient transformé sa partie nord en sanctuaire, a souligné lundi le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Regards tournés vers Kidal

La reconquête de Gao avait été précédée d’une opération commando de l’armée française sur l’aéroport et un pont stratégique. Elle avait été suivie de l’arrivée, par voie aérienne, de troupes tchadiennes et nigériennes venues de Niamey pour sécuriser la ville, une opération que l’armée française semble réticente à mener dans les villes reprises aux groupes islamistes armés. Des soldats tchadiens et nigériens contrôlaient aussi lundi les villes de Ménaka et Anderamboukane (nord-est), près de la frontière avec le Niger, selon des sources militaires régionales.
Plus de 6 000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-gouttes et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Les troupes françaises au sol s'élèvent pour le moment à 2 500 hommes. Mais un porte-hélicoptères d’assaut français est arrivé lundi à Dakar, débarquant des centaines d’hommes, des véhicules et du matériel pour l’opération au Mali.
La reconquête du nord du Mali s’accompagne de craintes d’actes de vengeance contre les islamistes, qui ont commis de nombreux crimes:  amputations, lapidations, exécutions, et à Tombouctou, destruction de nombreux mausolées de saints musulmans. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a d’ailleurs demandé lundi aux autorités maliennes de prendre «des mesures immédiates» pour «protéger tous les Maliens de représailles», évoquant «des risques élevés de tensions inter-ethniques» dans le Nord, où la rivalité est forte entre communautés arabe et touareg d’un côté, noire de l’autre.
(AFP)

samedi 26 janvier 2013

Mali Washington accroît son aide militaire aux forces françaises


MaliWashington accroît son aide militaire aux forces françaises

©AFP / Eric Feferberg - Des soldats maliens patrouillent à Diabali, le 26 janvier 2013
©AFP / Eric Feferberg - Des soldats maliens patrouillent à Diabali, le 26 janvier 2013

©AFP - Carte du Mali et actualisation des mouvements sur le terrain samedi 
 
©AFP / Boureima Hama - Un convoi de soldats nigériens quitte Niamey le 26 janvier 2013 en direction de la frontière malienne
©AFP / Boureima Hama - Un convoi de soldats nigériens quitte Niamey le 26 janvier 2013 en direction de la frontière malienne

Paris a précisé que des contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivaient sur zone pour prendre le relais des forces françaises.
"Les forces françaises et africaines maîtrisent à 100% la ville de Gao. Il y a une liesse populaire, tout le monde est content", a indiqué une source de sécurité malienne. Mais de premiers témoignages font aussi état d'actes de pillage.
"Il n'y a pas de combat à proprement parler" dans la région de Gao, selon un porte-parole de l'état-major français, "mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s'être abrités dans des zones urbaines".
L'entourage du ministre de la Défense français Jean-Yves Le Drian a jugé par ailleurs "plausible" le bilan de quelques centaines de combattants islamistes tués depuis le début de l'intervention française au Mali donné par le quotidien français Le Monde, citant des sources militaires.
Les positions des islamistes à Gao ont été à plusieurs reprises pilonnées par l'aviation française.
Cette dernière devrait bientôt recevoir l'appui d'avions-ravitailleurs américains, le Pentagone ayant répondu favorablement à une requête de Paris en ce sens faite il y a plus de deux semaines.
Cette décision, annoncée samedi par le secrétaire américain à la Défense Léon Panetta à M. Le Drian, marque une montée en puissance de l'implication des Etats-Unis dans le conflit malien. La veille, le président Barack Obama avait appelé son homologue français François Hollande pour lui exprimer son soutien.
L'armée américaine dispose d'une flotte sans équivalent de plus de 400 avions-ravitailleurs KC-135. La France de son côté mobilise déjà une partie importante de ses 14 avions-ravitailleurs vieillissants pour ses missions aériennes au Mali.
Washington a jusqu'à présent fourni des gros-porteurs C-17, ainsi qu'un soutien en matière de renseignement via les satellites et sans doute des drones.
La ville de Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol.
Refus des "logiques de chantage"
C'est ce groupe qui a dit samedi à l'AFP vouloir négocier la libération d'un otage français qu'il détient depuis deux mois.
"Le Mujao est prêt à négocier la libération de l'otage Gilberto", a déclaré Walid Abu Sarhaoui, porte-parole du Mujao, en référence au Français Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l'ouest du Mali.
Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant "les logiques de chantage". "La France fera tout pour leur liberté", a-t-il ajouté, en évoquant les sept otages français au Sahel.
Interrogé pour savoir si cette volonté affichée de négociation était liée à l'intervention militaire française, le porte-parole du Mujao a simplement répondu: "Nous voulons négocier. Pour la guerre, entre musulmans, nous pouvons nous comprendre", sans autre précision.
Une déclaration qui peut être interprétée comme une ouverture pour des négociations avec Bamako et qui survient deux jours après l'annonce d'une scission au sein d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), un autre des groupes islamistes du Nord du Mali.
Parallèlement à la prise de Gao, une colonne de militaires tchadiens et nigériens, qui étaient stationnés au Niger, faisait route samedi après-midi vers la frontière malienne, située à une centaine de km au nord.
La France s'est engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l'armée malienne, contre les islamistes armés, pilonnant leurs colonnes de pick-up et leurs bases arrière, afin d'empêcher leur progression vers le sud et la capitale Bamako.
Les villes de Konna et Douentza (centre) ont été reprises par les soldats français et maliens.
Une autre colonne franco-malienne, après avoir pris le contrôle de Diabali (ouest), progresse vers Léré, plus au nord, avec pour objectif la ville-phare de l'islam en Afrique, Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako.
Jean-Marc Ayrault a d'ailleurs indiqué que les "troupes françaises et maliennes" seraient "bientôt près de Tombouctou". Il a aussi répété que la France "n'avait pas vocation à rester, bien entendu" au Mali.
Les islamistes ont riposté à cette progression en dynamitant vendredi un pont stratégique près de la frontière nigérienne, sur une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens venus du Niger.
De leur côté, les chefs d'état-major ouest-africains, réunis samedi en urgence à Abidjan, ont décidé de "relever" le volume de leurs effectifs promis au Mali, pour qu'ils atteignent "5.700 hommes".
Jusque-là, l'Afrique de l'Ouest visait le déploiement d'environ 4.000 militaires. Le Tchad a séparément promis plus de 2.000 soldats.
Au total, autour de 2.000 soldats africains sont d'ores et déjà stationnés au Mali ou au Niger voisin. Leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique pour les pays contributeurs.
le 27/01/2013 à 08:37 par Serge DANIEL / AFP

Mali. La ville de Gao reprise par les soldats français et maliens


Mali. La ville de Gao reprise par les soldats français et maliens

Mis à jour le  , publié le 
L'aéroport de Gao (Mali), ici photographié en juillet 2012, a été repris le 26 janvier 2013 par les soldats français et maliens. 
L'aéroport de Gao (Mali), ici photographié en juillet 2012, a été repris le 26 janvier 2013 par les soldats français et maliens. 
(ROMARIC OLLO HIEN / AFP) 

Après avoir repris trois localités dans le centre et l'ouest du Mali, les militaires français et maliens se sont lancés depuis vendredi 25 janvier dans la reconquête du Nord, occupé par les groupes islamistes depuis plus de neuf mois. Samedi 26, ils ont annoncé avoir repris l'aéroport, un pont, puis le contrôle de la ville de Gao, tandis que dans le même temps, une partie des islamistes s'est dit prêt à négocier la libération d'un otage français. 

La progression vers le Nord du Mali

Après le contrôle de l'aéroport et d'un pont stratégique, les autorités françaises ont annoncé avoir repris Gao, un des bastion islamiste du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) situé à 1 200 km au nord-est de Bamako. Des"contingents africains, formés de militaires nigériens et tchadiens, arrivent sur zone pour prendre le relais des forces" françaises, a annoncé le ministère de la Défense. Il affirme que "dès ce (samedi) soir, Sadou Diallo, le maire de Gao réfugié à Bamako, a pu regagner sa ville, accompagné par le colonel Dako."
Un peu plus tôt, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense soulignait que "les terroristes jihadistes qui ont affronté les armées malienne et française [avaient] vu nombre de leurs moyens mobiles et de leurs sites logistiques détruits"

Le Mujao veut "négocier" concernant l'otage français

Le même jour, le Mujao, le groupe islamiste installé à Gao, a annoncé dans la matinée qu'il était prêt à "négocier la libération" de Gilberto Rodriguez Leal, l'otage français qu'il détient depuis novembre 2012. Interrogé pour savoir si cette volonté affichée de négociation était liée à l'intervention militaire française, le porte-parole a simplement répondu: "Nous voulons négocier. Pour la guerre, entre musulmans, nous pouvons nous comprendre", sans autre précision.
Une déclaration qui peut être interprétée comme une ouverture pour des négociations avec Bamako, deux jours après l'annonce d'une scission au sein d'Ansar Dine, un autre des groupes islamistes du Nord du Mali. "On ne rentre pas dans les logiques de chantage, ce n'est pas du tout notre vision des choses [...] On ne peut pas céder au terrorisme, sinon on sait bien que c'est toujours lui qui gagne", a rétorqué Jean-Marc Ayrault lors d'une conférence de presse au cours d'un déplacement au Chili.

Quels sont les prochains objectifs ?

Selon différentes sources, la plus grande partie des combattants islamistes ont évacué Gao ces derniers jours, remontant vers l'extrême-nord-est du Mali pour échapper aux frappes aériennes françaises."Des avions français ont atterri à l'aéroport de Gao. Nous voulons rapidement maîtriser les huit quartiers de la ville et éviter des dégâts", a expliqué une source de la sécurité malienne. précisé. "Il n'y a pas de combat à proprement parler" dans la région de Gao, a précisé un porte-parole de l'état-major français, "mais sporadiquement, des opérations de harcèlement avec des éléments terroristes qui ouvrent le feu sur nos positions après s'être abrités dans des zones urbaines."
Dans le même temps, une colonne militaire progresse vers Léré, plus à l'ouest, avec pour objectif la ville-phare de l'islam en Afrique, Tombouctou, à 900 km au nord-est de Bamako. Les islamistes ont riposté en dynamitant vendredi 25 janvier un pont stratégique près de la frontière nigérienne, sur une des deux routes que pourraient emprunter les soldats tchadiens venus du Niger. 
De plus, les chefs d'état-major ouest-africains se sont réunis samedi 26 en urgence à Abidjan (Côte d'Ivoire) pour accélérer l'arrivée de renforts régionaux alors que le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine a décidé la veille d'augmenter les effectifs de la force africaine au Mali.  Sur les 4000 hommes prévus, moins d'un millier sont arrivés au Mali. Dès le début d'après-midi, des troupes tchadiennes et nigériennes ont quitté le camp de Ouallam, au nord de Niamey (Niger), et se dirigeaient vers la frontière malienne située à une centaine de km au nord.

vendredi 25 janvier 2013


L'armée américaine autorise les femmes aux postes de combat


L'armée américaine autorise les femmes aux postes de combat

Mis à jour le  , publié le 
Monica Brown, qui sert dans la 82e division aérienne de l'armée américaine, a été décorée pour sa bravoure au combat. Ici, le 3 août 2010 à la base militaire de Salerno, en Afghanistan.
Monica Brown, qui sert dans la 82e division aérienne de l'armée américaine, a été décorée pour sa bravoure au combat. Ici, le 3 août 2010 à la base militaire de Salerno, en Afghanistan.

(US ARMY / REUTERS)
0
En pratique, la règle était déjà obsolète, mais elle figurait toujours dans les textes. Ce ne sera plus le cas : l'armée américaine autorise désormais les femmes à occuper les postes de combat, a annoncé, jeudi 24 janvier, le ministre de la Défense, Léon Panetta.
Depuis une règle instituée en 1994, les femmes, au nombre de 204 714 dans l'armée américaine (hors réserve et garde nationale), soit 14,5% des effectifs, n'étaient pas censées servir au combat. Concrètement, elles ne pouvaient servir dans une section d'infanterie ou dans les forces spéciales.

En pratique, les femmes déjà en première ligne

Mais l'évolution des conflits auxquels est confrontée l'armée américaine a rendu cette règle caduque, en plus d'être discriminatoire : les femmes, autorisées à servir par exemple à certains postes d'artillerie ou comme officier de renseignement, ont été largement confrontées au combat en Irak et en Afghanistan, conflits sans réelle ligne de front.
Elles ont déjà payé le prix du sang : 144 d'entre elles ont été tuées depuis 2001, selon des données du Pentagone datant de février 2012. Plus de 280 000 Américaines ont servi en Irak et en Afghanistan durant cette période, soit 12% des effectifs déployés.
"Les femmes ont montré un grand courage (...) et ont prouvé leur capacité à servir dans un nombre de plus en plus grand de missions, a souligné Leon Panetta.L'objectif du département [de la Défense], en abrogeant cette règle, est de s'assurer que les missions soient accomplies par les personnes les mieux qualifiées et les plus capables, indépendamment de leur sexe."

Un nouveau signe d'évolution pour l'armée

Moins d'un an et demi après l'abolition de politique dite "Don't ask, don't tell", qui obligeait les militaires gays et lesbiennes à taire leur homosexualité, ce nouveau changement constitue une évolution majeure de philosophie pour le Pentagone.
Contrairement à la France, aux Etats-Unis, les femmes peuvent même, depuis janvier 2011, servir à bord des sous-marins américains. Sous réserve que ceux-ci soient aménagés dans des quartiers adéquats pour les héberger.

vendredi 18 janvier 2013

Mali : les soldats français et maliens sont entrés dans Diabali

Des soldats français et maliens sont arrivés lundi matin à Diabali, ville à l'ouest du Mali prise il y a une semaine par des islamistes qui l'avaient en partie abandonnée le 17 janvier après des bombardements de l'aviation française.

Des soldats français et maliens sont arrivés lundi matin à Diabali, ville à l'ouest du Mali prise il y a une semaine par des islamistes qui l'avaient en partie abandonnée le 17 janvier après des bombardements de l'aviation française. | AFP / ISSOUF SANOGO





Drapeau français, applaudissements et acclamations. Des soldats français et maliens sont entrés ce lundi matin dans la ville de Diabali à l'ouest du Mali prise il y a une semaine par des islamistes. Les islamistes l'avaient en partie abandonnée le 17 janvier après des bombardements de l'aviation Française.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a par ailleurs annoncé la reprise du contrôle de la ville de Douentza, dans le centre du pays, «par les forces armées du Mali». 

«Pour y parvenir, les militaires maliens ont été soutenus par les forces françaises, basées à Niono et à Mopti-Sévaré», précise le ministère de la Défense dans un communiqué, ajoutant : «Cette avancée de l'armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations.»

Une colonne d'une trentaine de véhicules blindés dans laquelle se trouvaient quelque 200 soldats maliens et français est entrée dans Diabali vers 9 heures (10 heures, heure de), sans rencontrer de résistance. La colonne avait quitté à l'aube la ville de Niono, à 350 km au nord-est de Bamako. Niono est elle-même située à 60 km au sud de Diabali, où des missions de reconnaissance ont été effectuées ces derniers jours par l'armée malienne.

Les militaires redoutent la présence de mines


Jean-Yves Le Drian avait indiqué dimanche que Diabali n'avait «pas encore» été reprise par les forces maliennes. «Tout laisse à penser que l'évolution de Diabali va être positive dans les heures qui viennent», avait-il cependant ajouté. L'armée malienne a patrouillé samedi en périphérie de la ville où la situation «n'est pas très claire», selon un officier français à Niono. Il avait cependant ajouté que, «a priori, les combattants rebelles ont quitté la ville», tout en soulignant leur «détermination à se battre et leur mobilité».

Selon un colonel de l'armée malienne, une «frange de la population de Diabali a adhéré aux thèses jihadistes et nous devons être prudents pour les prochaines heures». Français et Maliens craignent notamment la présence de mines ou de pièges.

Les islamistes se replient dans le nord-est

Une deuxième colonne française s'est déployée à Sévaré, à 630 km au nord-est de Bamako, qui dispose d'un aéroport et est une ville-clé d'où peuvent être menées des opérations vers les grandes villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal. Ces villes du nord ont été prises fin mars 2012 par les groupes jihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont mis en déroute l'armée malienne.

Parallèlement, plusieurs sources ont fait état d'un repli des islamistes depuis le centre du pays vers Kidal, dans l'extrême nord-est, à 1500 km de Bamako, près de la frontière algérienne.

Seuls 200 soldats de la Misma arrivés à Bamako

2000 soldats français sont d’ores et déjà déployés au Mali. Un chiffre qui va atteindre 2500, et peut-être davantage, selon . Pour leur part, les Etats membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont été appelés à fournir «sans plus tarder» les troupes promises à cette force qui a reçu mandat de l’ONU pour aider le Mali à reprendre le contrôle du nord du pays. Quelque 2000 soldats de la Misma doivent être déployés d'ici au 26 janvier, mais jusqu'à présent, moins de 200 sont arrivés à Bamako

La Misma comprendra à terme quelque 6000 soldats pour prendre le relais de la France. Selon le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, ses besoins sont évalués à «environ 500 millions de dollars» (375 millions d'euros).


Les militaires français et maliens ont repris le contrôle de la localité stratégique de Diabali


         Les militaires français et maliens ont repris le contrôle de la localité stratégique de Diabali, conquise le 14 janvier par les islamistes dans le centre du pays, a annoncé son maire.
"Les forces présentes en ville effectuent actuellement des opérations de ratissage", a déclaré à Reuters par téléphone Oumar Diakité. "Il y a un grand nombre de véhicules calcinés que les islamistes cherchaient à cacher dans les vergers".
Selon le maire, l'entrée des forces françaises et maliennes dans l'agglomération fait suite à un raid aérien de l'aviation française dans la matinée.
Diabali est située sur la ligne de démarcation entre les islamistes et les forces franco-maliennes qui cherchent à reconquérir le nord du Mali occupé par les djihadistes liés à Al Qaïda.
Adama Diarra; Jean-Loup Fiévet pour le service français

X


Guerre au Mali : comment nous, militaires français, pouvons intervenir si rapidement




         Cela fait une semaine jour pour jour que la France a décidé d'intervenir militairement au Mali. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé que 1.400 soldats français étaient d'ores et déjà engagés dans cette opération. Comment se prépare et se déroule un tel déploiement ? Réponse de Jean-Gabriel Cadoux, chef d’escadrons et stagiaire armée de terre de la 20ème promotion de l’Ecole de Guerre.





Des troupes françaises arrivant à Bamako, au Mali, le 17/01/13 (Jerome Delay/AP/SIPA)
Des troupes françaises arrivant à Bamako, au Mali, le 17/01/13 (Jerome Delay/AP/SIPA)

Depuis près d’une semaine, le président de la République François Hollande a engagé notre pays et ses forces armées au Mali afin de protéger nos ressortissants, stopper l’offensive terroriste vers le Sud, et permettre à terme la reconquête du Nord Mali.

Initialement destinée à soutenir les forces maliennes mais confrontée à la réalité du temps politique et diplomatique, la position de la France a considérablement évolué en quelques heures, compte tenu de l’urgence de la situation, comme en témoigne l’appel direct du président malien à l’intervention de la France.

Dans ce cadre, l’armée française a fait preuve d’une réactivité qui suscite autant d’admiration que de questions : comment l’armée française est-elle capable de s’engager, sur très court préavis, dans une opération d’ampleur comme celles de Libye ou plus actuellement du Mali ?

Les options militaires sont soumises aux autorités politiques

La réactivité des armées françaises, argument politique majeur, est rendue possible grâce à un dispositif d’ensemble cohérent de veille, de mise en alerte et de déploiement. Si cet ensemble semble à première vue reposer sur une logique capacitaire, il est avant tout fondé sur une logique humaine, seule capable de mettre en cohérence les moyens adéquats et les missions confiées en fonction des buts fixés.

Pour les armées, la "veille stratégique" est assurée conjointement par la Direction du Renseignement Militaire (DRM) et le Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO), situés à Paris au sein de l’état-major des armées.

Le CPCO prépare et conduit l’ensemble des missions sur le territoire national (Vigipirate) comme des opérations extérieures, partout où des troupes françaises sont déployées (Afghanistan, Kosovo, Tchad, République de Côte d’Ivoire, Liban, Mali…). Ainsi, il élabore les options militaires possibles que le chef d’État-major des armées soumet aux autorités politiques.

Dès que ces dernières décident d’un engagement, le CPCO a déjà actualisé et affiné un plan d’intervention ; il est capable de donner immédiatement des ordres aux échelons pré-déployés ou susceptibles de l’être à très court terme, en cohérence avec les objectifs politiques, stratégiques et militaires définis selon une approche globale de la crise.

De l’alerte Guépard à la base à Djibouti, notre dispositif d'alerte

Le Centre de Planification et de Conduite des Opérations s’appuie sur un dispositif d’alerte opérationnelle, fondé à la fois sur :

- Des capacités terrestres, maritimes et aériennes placées sous un régime d’alerte variant de quelques heures à plusieurs jours. Par exemple, l’alerte Guépard (environ 5.000 hommes pré-identifiés) permet de projeter hors métropole des unités de combat, d’appui et de soutien (logistique, renseignement, commandement…) autonomes sous quelques heures pour les premiers échelons, et quelques jours pour les plus importants, par des vecteurs essentiellement aériens et maritimes ;

- La veille opérationnelle permanente de troupes des trois armées pré-positionnées dans nos bases en Afrique et dans la péninsule arabo-persique (Djibouti, Emirats Arabes Unis, Sénégal et Gabon). Alors que le nombre de ces bases tend à être réduit depuis 2008, on comprend néanmoins toute la pertinence de conserver de tels points d’appui sur le sol africain, non loin des foyers de crise actuels ou à venir, et à partir desquels la France peut acheminer troupes et matériels sur un théâtre d’opérations. De même, elles sont autant de réservoirs de forces immédiatement disponibles et de relais logistiques. Enfin, elles permettent le cas échéant la constitution des modules ad hoc au cours d’une mise en condition opérationnelle, phase préliminaire au déploiement.

- La mise à disposition d’unités de combat terrestres et aéro-terrestres, aériennes comme maritimes, déjà déployées dans le cadre d’autres opérations (dispositif Epervier au Tchad, opération Boali en République Centrafricaine, dispositif Corymbe dans le Golfe de Guinée, etc.), ou situées dans nos DROM-COM (forces de souveraineté).

La réactivité, la diversité des moyens engagés et les effets qu’ils peuvent produire sur l’adversaire confèrent à nos décideurs politiques un levier d’action politique, diplomatique et sécuritaire remarquable.

Tout engagement résulte donc d’une mise en adéquation des objectifs à atteindre, des moyens humains et matériels à engager et des effets concrets à obtenir sur le terrain. Ce savant équilibre permet à la fois de disposer des moyens interarmées, d’imposer la décision quelle que soit la situation et de concrétiser par là-même la volonté politique, en respectant la légitimité internationale de l’intervention qui, seule, donne un sens à l’engagement des troupes françaises sur le terrain.

Combien de temps la France pourra-t-elle se permettre ce genre d'intervention ?

Ceci soulève la question fondamentale de l’autonomie capacitaire de la France au regard des études actuelles qui visent à mettre en adéquation l’effort de défense avec les ressources prévisibles. Idéalement, il s’agirait de renforcer la défense européenne par le biais de mutualisations de moyens, c’est-à-dire de partage de pans capacitaires partiels ou complets en fonction de besoins et d’intérêts... communément partagés. A ce titre, l’attitude de nos partenaires européens fut à la fois particulièrement éclairante ces derniers jours, et riche de conséquences quant à nos ambitions à venir.

Cette remarque prend tout son sens dans le contexte actuel qui s’interroge sur "l’empreinte au sol" de nos troupes et son risque corollaire, à savoir l’enlisement dans un pays ami et ex-colonie française, alors que la France peine à sortir de dix ans de présence en Afghanistan et en République de Côte d’Ivoire.

Même si les armées ont réagi immédiatement, elles demeurent néanmoins au milieu du gué de leur transformation structurelle. A ce titre, l’engagement au Mali révèle le caractère indispensable de conserver à l’ensemble de nos forces armées, mais surtout à sa composante terrestre leur volume, leur cohérence et leurs savoir-faire combattants, seules garanties de leur réactivité.

Les caractéristiques de cette intervention pourraient se situer entre l’expérience tirée des théâtres d’opérations africains et les savoir-faire à la fois conventionnels et contre-insurrectionnels développés en Afghanistan ; dans tous les cas, elle nécessite comme tout autre engagement une formation solide au combat de contact, un entraînement constant et une disponibilité permanente et immédiate de ses hommes et de ses matériels.

Il est à craindre qu’à l’avenir, toute diminution substantielle du format de nos forces armées pourrait réduire considérablement la capacité de la France à répondre présent à pareille sollicitation. Aujourd’hui, la France peut se le permettre. Pour combien de temps encore ?

Mercredi : une vingtaine de blindés français quittent Bamako



VIDEO. Mercredi : une vingtaine de blindés français quittent Bamako     





VIDEO. Mercredi : les militaires français accueillis en héros à Markala
LeParisien.fr 


LeParisien.fr 
















mardi 15 janvier 2013

«La France n’a pas vocation à rester au Mali»


Par Libération 

Hollande : «La France n’a pas vocation à rester au Mali»



L'ESSENTIEL
Au cinquième jour de l’opération «Serval» lancée pour repousser les jihadistes qui occupent le Nord-Mali, la France, en première ligne, poursuit ses frappes. Celles-ci atteignent leur cibles, assure François Hollande. Les jihadistes se sont repliés, quittant les grandes villes qu’ils occupaient, mais ils menacent de «frapper le cœur de la France». Les contingents envoyés par les pays de la Cédéao arrivent au compte-goutte. En déplacement à Dubaï ce mardi, le président François Hollande a précisé les objectifs de l'intervention française au Mali, destinée à aider le pays à «recouvrer son intégrité territoriale», tout en réaffirmant sa volonté de venir en aide aux otages qui y sont détenus.

Intervenir, la «seule solution»

C'est depuis Dubaï que le président français François Hollande a fait le point ce mardi sur l'intervention au Mali. L'opération «Serval» était «la seule solution», a-t-il dit. Elle est destinée à «arrêter l’agression» des islamistes, à sécuriser Bamako et à préserver l’intégrité territoriale du pays, a précisé le président au cours d'une conférence de presse, réaffirmant vouloir tout faire pour libérer les otages détenus au Mali.«J’y pense à chaque instant mais j’ai considéré que l’intervention était la seule solution. Nous ferons tout pour qu’ils puissent être libérés. Ceux qui les ont capturés, détenus doivent réfléchir. Il est encore temps de les rendre à leur famille», a déclaré François Hollande.
«La France n’a pas vocation à rester au Mali mais nous avons en revanche un objectif, c’est de faire en sorte que lorsque nous partirons il y ait une sécurité au Mali, des autorités légitimes, un processus électoral et plus de terroristes qui menacent» l’intégrité du Pays, a-t-il encore dit.
French troops from the "Licorne" operation based in Abidjan (Ivory Coast) arrive at the 101st military airbase near Bamako on January 15, 2013 to reinforce the "Serval" operations, before their deployment in the north of Mali.France has deployed 700 troops in and around Paris, Interior Minister Manuel Valls revealed Tuesday in the latest indicator of mounting concern over potential reprisals for military intervention in Mali. Leaders of the militant Islamist groups under attack in the West African state havDes forces françaises à leur arrivée à Bamako ce mardi. (Photo Eric Feferberg. AFP)
Au même moment, à Paris, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a précisé, lors de la séance des questions à l'Assemblée, les quatre objectifs assignés aux forces françaises au Mali : «assister les forces maliennes dans leur action pour enrayer la progression des groupes terroristes vers le sud, soit par frappes aériennes, soit par l’intervention d'éléments terrestres qui sont en ce moment déployés au sud», «frapper dans la profondeur les bases arrières des groupes terroristes pour éviter qu’ils ne se ressourcent et ne reviennent vers le sud», «sécuriser Bamako pour assurer la stabilité de cette ville et assurer la pérennité de ses institutions», «faire en sorte que nos forces préparent l’intervention, l’organisation des forces armées africaines autour de l'état-major nigérian».

Sur le terrain

La France a mené dans la nuit de lundi à mardi de nouvelles frappes. Elles «ont atteint leur objectif»a assuré le président François Hollande, en déplacement aux Emirats arabes unis. Le chef de l'Etat souligne aussi que, contrairement à ce qui avait été annoncé hier lundi,«les terroristes n’ont pas conquis» la petite ville de Diabali «mais s’y sont réfugiés pour se protéger». L'aviation française a bombardé dans la nuit cette localité à 400 km de Bamako, tuant plusieurs jihadistes, selon des témoins. Le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine a reconnu un «retrait tactique», selon des propos publiés sur le site d’informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens).

Quel est le bilan ?

Difficile à ce stade de le savoir précisément. Le gouvernement malien a fait état de 11 morts et une soixantaine de blessés dans les rangs des militaires maliens, et d’un militaire français mort des suites de ses blessures reçues lors des opérations. Côté jihadistes, au moins une soixantaine ont été tués dimanche à Gao, sans doute bien plus depuis.
Le nombre de réfugiés chassés par le conflit approche les 150 000 personnes dans les pays voisins, selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), et le nombre de personnes déplacées dans le pays est proche de 230 000, a précisé le bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU.

Quels sont les moyens français ?

A ce stade, 750 militaires français sont engagés dans l’opération. Ce chiffre sera porté à 2 500. Une colonne d’une quarantaine de véhicules blindés français venus de Côte-d’Ivoire est arrivée dans la nuit de lundi à mardi à Bamako.
Les Forces spéciales ont également été engagées. La défense ne communique pas sur leur nombre.
Côté aérien, le nombre d’avions de combat basé à N’Djamena dans le cadre du détachement Epervier a été porté à huit : deux Mirage F1CR et six Mirage 2000D. Trois avions ravitailleurs C135 sont également mobilisés, en plus des appareils de transport. Des Rafale mis en état d’alerte peuvent intervenir directement depuis la France, comme cela a été le cas dimanche près de Gao, où quatre de ces chasseurs ont détruit des camps d’entraînement et des dépôts logistiques des groupes islamiste armés. Six d’entre eux stationnés à Abou Dhabi sont notamment mobilisables.

Le déploiement des quatre Rafale, dimanche. (Vidéo postée par l'armée française)
Enfin, des hélicoptères de combat, notamment des Gazelle équipés de missiles Hot et de canon de 20 mm, ont également été engagés dans la région de Konna.

Renforts de la Cédéao

Les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) commencent à acheminer leurs hommes vers le Mali. Ce déploiement pourrait prendre une semaine. Ce mardi, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a confirmé que les forces africaines devraient être déployées «d'ici une semaine». Le Nigeria doit fournir 600 hommes. Niger, Burkina Faso, Togo et Sénégal ont également annoncé l’envoi chacun d’environ 500 hommes, le Bénin 300, le Ghana 120 militaires spécialistes du génie et la Guinée 144, selon les informations recueillies par l'AFP. Au total, environ 3 000 hommes devraient prendre le relais de la France.

Appui occidental a minima

Les Britanniques ont mis à disposition deux avions de transport, mais n’envisagent pas de forces au sol. Pas plus que l’Allemagne, qui étudie une aide «logistique, médicale». La Belgique s’apprêtait mardi à proposer l’envoi de deux avions C-130 et d’un hélicoptère médicalisé. Les Etats-Unis apportent un appui en termes de renseignement.

Sur le front diplomatique

La France, qui a pris les devants vendredi eu égard à l’urgence de la situation et à l'appel à l'aide des autorités maliennes, s’active pour avoir le soutien de l’ONU et des autres pays. Si la communauté internationale affiche d'une manière générale son soutien de principe à l'opération, sur le terrain les renforts ne se bousculent pas.
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a apporté hier son soutien à l'opération, soulignant «l’urgence d’appliquer tous les aspects» de la résolution 2085 de l’ONU du 20 décembre sur le Mali (texte de la résolution en pdf ici). Le représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, Said Djinnit, doit se rendre à Bamako.
Une réunion exceptionnelle des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne doit également se tenir cette semaine, probablement se tenir jeudi à Bruxelles.
En France, un débat sans vote aura lieu demain mercredi après-midi au Parlement sur la situation au Mali, simultanément à l’Assemblée nationale et au Sénat, Jean-Marc Ayrault représentant le gouvernement dans la première chambre et Laurent Fabius dans la seconde. Des auditions sont prévues ce mardi.