mardi 26 mars 2013

Mali: Djamel Okacha, nouvel homme à abattre pour l'armée française


Les combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique au Mali ont un nouveau chef. Après la mort d’Abou Zeid, à la suite d’une frappe française dans le massif de l’Adrar des Ifoghas, Djamel Okacha a été désigné comme successeur à la tête de la katiba. Il devient la nouvelle cible des forces combattantes sur le terrain.

Djamel Okacha succède à Abou Zeid, ici en photo. Photo : capture d'écran vidéo
Quelques jours après la confirmation officielle, par les autorités françaises, de la mort du chef d’une des katibas d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abou Zeid, le groupe terroriste a d’ores et déjà annoncé la nomination de son nouveau chef.

Djamel Okacha, nouveau nom de la guerre au Mali

Il s’agit de Djamel Okacha, aussi connu sous le nom de Yahia Aboul Hammam. Cet islamiste de 34 ans a été choisi après la mort, en février dernier, de son prédécesseur, selon une annonce de la télévision algérienne, Ennahar TV.
Selon les propos de la chaîne de télévision, Djamel Okacha « maîtrise bien la philosophie djihadiste et a des dons de prédicateurs. »
Ce combattant aguerri est également soupçonné d’être impliqué dans l’assassinat d’un Américain, en juin dernier, à Nouakchott et dans l’attaque de l’ambassade française en 2009.

Un proche d’Abou Zeid et d’Abdelmalek Droukdel

Djamel Okacha a suivi le parcours classique d’un islamiste au Maghreb. Engagé au sein duGroupe islamique armé (GIA), il a rejoint en 1995, après 18 mois de prison, le (Groupe salafiste pour la prédication et le combat).
C’est cette unité qui prêtera allégeance à Oussama Ben Laden avant d’en emprunter le nom. Actif au nord du Mali depuis 2004, Djamel Okacha s’est vite rapproché de son supérieur direct,Abou Zeid, puis du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, Abdelmalek Droukdel.
Cette nomination intervient en plein regain de tensions à Gao, au nord du pays où l’armée malienne et des combattants islamistes se sont affrontés. Les accrochages auraient fait 7 morts.

lundi 25 mars 2013

Mali: l'armée française multiplie ses fouilles dans le massif du Tirgharghar


Des soldats français patrouillent dans l'Adrar des Ifoghas, au nord du Mali.
Des soldats français patrouillent dans l'Adrar des Ifoghas, au nord du Mali.
AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD

Par RFI
Au Mali, après un mois d’offensive et de fouilles, les militaires français estiment que le massif du Tigharghar, le fief d’al-Qaïda au Maghreb islamique au sud de Tessalit, est quasiment fouillé dans sa totalité. Ces derniers jours, les recherches se sont concentrées sur des zones précises. Si l’ennemi reste invisible depuis la chute de la vallée d’Ametetai, les découvertes d’armes et de munitions se multiplient. Dans la vallée du Tigharghar, aux côtés de l’armée française, reportage de notre envoyé spécial.

Reportage
Généralement, on trouve beaucoup de campements avec beaucoup de ravitaillements, de munitions, de l’armement. L’idée générale, c’est de déceler tous signes de présence de jihadistes.
 
25/03/2013 par Guillaume Thibault

samedi 23 mars 2013

Mali: la mort d'Abou Zeid confirmée grâce à des tests ADN

L'Elysée confirme: Abou Zeid, l'un des principaux chefs d'AQMI, a bien été tué lors d'opérations menées par les armées française et tchadienne au Nord Mali.

Le journal Le Monde affirme ce samedi matin, de sources officielles, qu'Abou Zeid, l'un des principaux chefs d'Al-Qaida au Maghreb islamique, a bien été tué lors des opérations menées par les armées française et tchadienne au nord du Mali, dans l'adrar de Tigharghar. 


Le président tchadien Idriss Déby avait annoncé la mort du terroriste dès le 1er mars. Abou Zeid aurait été tué lors d'affrontements dans le massif des Ifoghas qui avaient alors opposé les islamistes aux troupes tchadiennes et françaises. Mais Paris n'avait pas confirmé. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait prudemment déclaré que sa mort était "probable", le 11 mars dernier.

L'Elysée a confirmé l'information aux alentours de 14 heures ce samedi. Le président François Hollande "confirme de manière certaine la mort d'Abdelhamid Abou Zeid survenue lors des combats menés par l'armée française dans l'Adrar des Ifoghas au nord du Mali, à la fin du mois de février", a annoncé l'Elysée dans un communiqué.
"Cette disparition de l'un des principaux chefs d'Aqmi marque une étape importante dans la lutte contre le terrorisme au Sahel", ajoute la présidence de la République.

L'un des chefs les plus radicaux d'AQMI

Le corps d'Abou Zeid aurait été identifié il y a quatre jours déjà par les autorités algériennes au moyen d'analyses ADN demandées par Paris. Alger disposait de fragments d'ADN familiaux qui ont permis que soient menés ces tests.

Né il y a 46 ans dans l'oasis de Tougourt, à 600 km au sud d'Alger, Abou Zeid devient membre à 24 ans du comité local du Front Islamique du Salut (FIS). Il bascule ensuite dans la lutte armée fin 1991. C'est en 2003, lors du spectaculaire enlèvement de 32 touristes européens par ce qui était encore le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) dans le grand sud algérien, qu'Abou Zeid apparaît pour la première fois, en tant qu'adjoint du chef des ravisseurs, Abderazak le Para, détenu en Algérie.

L'émir dont le vrai nom est Mohamed Ghdiri, a aussi été à l'origine de l'enlèvement des sept employés d'Areva et de Satom, dont cinq Français, sur le site d'Arlit au Niger, en septembre 2010.

vendredi 22 mars 2013



Oise: les honneurs militaires rendus au caporal Alexandre Van Dooren mort au Mali


hommage



Les honneurs militaires seront rendus au caporal Alexandre Van Dooren, 5e soldat français tué au Mali, lors d'une cérémonie intime vendredi à l'Hôtel des Invalides à Paris. Le jeune homme de 24 ans était originaire de Pontpoint dans l'Oise.
  • Jennifer Alberts avec AFP
  • Publié le 22/03/2013 | 10:42
Le caporal Alexandre Van Dooren tué samedi au Mali
Le caporal Alexandre Van Dooren tué samedi au Mali



Agé de 24 ans, ce caporal du premier régiment d’infanterie de marine d’Angoulême (Charente) laisse une fille de 2 ans et une compagne enceinte de leur 2ème enfant.

Ce fils unique, né à Senlis en 1989, a grandi entre Pont-Sainte-Maxence, Nogent-sur-Oise, Rantigny et Pontpoint, où vit toujours sa famille

Le caporal Van Dooren est le 5e soldat français tué au Mali depuis le début de l'opération française contre les islamistes armés.

Appartenant au 1e régiment d'infanterie de marine d'Angoulême, il est mort samedi 11 mars dans le nord-est du Mali: son véhicule blindé a sauté sur un engin explosif.

Les honneurs militaires lui seront rendus vendredi matin aux Invalides lors d'une cérémonie intime.
Avant la cérémonie réservée à la famille et aux proches du militaire, le cortège funèbre passera sur le Pont Alexandre III entre 10H15 et 10H30.

Mardi, les députés ont observé une minute de silence en hommage au 5ème soldat français mort au Mali, le caporal Alexandre Van Dooren, à l'ouverture de la traditionnelle séance de questions au gouvernement.

Le porte-avions Charles-de-Gaulle est à vendre... sur Le bon coin


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Alors que la rumeur fait état d'une possible mise en vente du Charles-de-Gaulle, le porte-avions a été mis en vente sur le site Le bon coin.

"A vendre porte-avions flambant neuf. 250.000.000 euros. Ville: Toulon" Voilà la (fausse) petite-annonce publiée, le 14 mars sur le site Le bon coin par un certain... François. "En raison de la banqueroute nationale, je dois me séparer à contre coeur d'un magnifique porte-avions. Etat irréprochable, voire neuf, vraiment très peu servi.",peut-on lire dans la description du bien.
Le vendeur a même pris le soin de laisser le numéro de téléphone du standard de l'Elysée pour les éventuels intéressés...
"Trésor des mer disponible immédiatement"
Ce canular a été posté au lendemain des révélations du Point.fr évoquant un plan budgétaire draconien en préparation au sein du ministère de la Défense. D'après l'hebdomaire, une vente du porte-avions Charles-de-Gaulle serait à létude. D'où cette précision donné par le petit malin sur Le bon coin. "Ce trésor des mers est disponible immédiatement Je ne suis pas regardant quant aux moyens de paiement. J'accepte roupies, dinars, riad, etc. (…) La vente servira à rembourser la dette française."
L'annonce retirée du site
L’annonce a rapidement été retirée du site Le bon coin"Elle n'était pas conforme aux règles de diffusion du service et était susceptible de porter atteinte aux droits d'un tiers", informe le site Internet.
Les amateurs pourront se consoler avec une réplique au 1/100e du Charles en vente sur le même site depuis le 6 mars. Le prix? 3.000 euros...

jeudi 21 mars 2013

Attentat à la voiture piègée à Tombouctou: un soldat Malien tué, deux autres blessés

Un convoi de l'armée française quitte Tombouctou pour Gao. (photo prise le 7 février 2013)
Un convoi de l'armée française quitte Tombouctou pour Gao. (photo prise le 7 février 2013)
REUTERS/David Lewis

Par RFI
La nuit du mercredi 20 au jeudi 21 mars 2013 a été très agitée à Tombouctou dans le nord du Mali. Un véhicule piégé a tenté de pénétrer dans l'aéroport mais l'armée française a ouvert le feu. L'explosion a tué un militaire malien et en a blessé deux autres. Un autre véhicule de l'armée malienne a également été touché par erreur. La fusillade avec les jihadistes a duré une bonne partie de la nuit.

Selon une source militaire malienne, c’est un véhicule piégé qui a explosé dans la nuit à Tombouctou, plus précisément vers l’aéroport de la ville.
Le véhicule est arrivé non loin d’une position de l’armée malienne, tous feux éteints, et le kamikaze a actionné sa ceinture. Le kamikaze a été tué sur le coup et une partie du moteur du véhicule a été retrouvé à plus dix kilomètres de l’endroit de l’explosion. Deux militaires maliens ont été blessés, un autre est décédé.
Au moment de l’explosion de la voiture piégée, il y a eu un branle-bas de combat. Les militaires français et maliens avaient le doigt sur la gâchette. Un autre véhicule suspect est localisé par les militaires français qui ouvrent le feu dans le secteur où se trouve ce véhicule suspect.
Malheureusement, c’était un véhicule de l'armée malienne et trois militaires maliens ont été blessés. Actuellement, un calme précaire règne à Tombouctou, même si certains habitants sont restés terrés à la maison.
Première attaque à Tombouctou
C’est le premier attentat à la voiture piégée à Tombouctou depuis la reprise de la ville par les troupes franco-africaines. Et là, se dessine probablement la stratégie que les jihadistes ont décidé de mettre en place. Ils ne s’avouent pas du tout vaincus et ils entendent opérer par embuscades, guérilla et attentats.

Mali: l’armée française dit avoir tué une quinzaine d’islamistes depuis jeudi

Un hélicoptère atterrit, le 17 mars 2013, près de militaires français stationnés dans le massif des Ifoghas dans le nord du Mali
Un hélicoptère atterrit, le 17 mars 2013, près de militaires français stationnés dans le massif des Ifoghas dans le nord du Mali (Photo Kenzo Tribouillard. AFP)


L’armée française a annoncé mardi avoir tué une quinzaine de combattants islamistes depuis jeudi lors d’accrochages dans la région de Gao, dans le nord du Mali.
 
Les militaires français ont notamment été harcelés par les jihadistes dans la zone de Djebok, à une trentaine de km à l’est de Gao. «Pris à partie sporadiquement par des tirs à courte et moyenne portée», ils ont «neutralisé une quinzaine de terroristes et huit pick-up» avec l’appui de moyens aéroterrestres, indique l’état-major dans un point de presse sur l’opération lancée le 11 janvier contre les groupes islamistes qui occupaient le nord du Mali.
Selon la même source, plusieurs mines artisanales ont été découvertes et «une quantité importante» d’armes et de munitions a été saisie. Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre tubes de lancement de roquettes de 122 mm ont également été détruits dans cette zone.
Dans le nord-est du pays, les forces françaises et tchadiennes poursuivent leurs opérations de ratissage dans le massif des Ifoghas, au sud de Tessalit, indique la défense.
4.000 soldats français sont engagés au Mali, dont environ 1.200 dans le nord-est, où de violents combats les ont opposé depuis mi-février aux combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Autour de Gao, les forces françaises et maliennes sont harcelées par de petits groupes de jihadistes.

lundi 18 mars 2013

REPORTAGE - Avec l'armée française dans la traque des jihadistes au Mali - 18/03:


Si la ville de Gao, dans le Nord du Mali, est maintenant sécurisée, les combats se poursuivent dans la région. Les jihadistes du Mujao ont trouvé refuge dans les zones désertiques, et les forces françaises continuent de les traquer. Les envoyés spéciaux de BFMTV ont pu se rendre sur place et rencontrer des militaires en cours d'opération.
 

dimanche 17 mars 2013



Mali: un cinquième militaire français a été tué


Agé de 24 ans et père d'un enfant, le caporal Alexandre Van Dooren a été tué lors d'une mission de fouille dans le nord du Mali, ont annoncé dimanche l'Elysée et la défense.

Agé de 24 ans et père d'un enfant, le caporal Alexandre Van Dooren a été tué lors d'une mission de fouille dans le nord du Mali, ont annoncé dimanche l'Elysée et la défense.


L'Elysée a annoncé ce dimanche matin la  d'un caporal du 1er régiment d'infanterie de Marine d'Angoulême dans un combat au nord du Mali. Alexandre Van Dooren, 24 ans, père d'un enfant, a été tué lors d'un affrontement avec des terroristes au  duquel trois autres soldats français ont été blessés.   Depuis le début de l'intervention française, c'est le cinquième soldat français tu
Tué lors d'une explosion
Le drame s'est déroulé dans la nuit de vendredi à samedi. Des militaires se trouvaient engagés dans une opération de recherches et de destruction au nord du Mali, dans le massif de l'Adrar lorsque le char AMX 10 RC, conduit par le caporal, a été touché de plein fouet par l'explosion d'une mine ou d'un engin explosif artisanal. Le caporal Van Dooren a été tué sur le coup et les trois autres soldats qui se trouvaient à bord ont été blessés, dont deux sérieusement. Ils ont été hospitalisés à Tessalit (nors-est du Mali).

«L'escadron était en reconnaissance sur un axe et le véhicule de  (...) a sauté sur un engin explosif. Le pilote a été tué sur le coup», a expliqué le lieutenant colonel adjoint Martini, du 1er régiment d'infanterie de Marine d'Angoulême.

Un caporal au «très fort potentiel»

«Né le 8 avril 1989, le caporal Alexandre van Dooren s'était engagé le 6 octobre 2009, comme engagé volontaire de l’armée de Terre au CPIS (centre parachutiste d’instruction spécialisée) de Perpignan», raconte le blog «Lignes de défense». Le jeune homme «fait preuve d’un très fort potentiel» durant sa formation initiale. «Particulièrement remarqué pour son sens aigu des responsabilités», ajoute le blog, le caporal obtient en 2012 la médaille de bronze de la défense nationale. Envoyé au Mali le 27 janvier 2013, il était «engagé au sein du GTIA4 (groupement tactique interarmes) dans le cadre de l’opération SERVAL, en tant que pilote AMX 10RCR.»

«C'était un tout jeune caporal qui avait un bel avenir devant lui parce qu' il avait démontré très rapidement qu'il avait d'énormes qualités professionnelles. Il avait réussi brillamment tous ses examens. Il avait une vocation bien ancrée», a rajouté le lieutenant colonel adjoint Martini.

L'hommage de François Hollande

François Hollande dans un communiqué de l'Elysée a exprimé sa «grande tristesse» et «adresse à sa famille et à ses proches ses plus sincères condoléances et le respect de toute la Nation.» Le chef de l'Etat salue «avec émotion la détermination et le courage des forces françaises engagées au Mali dans l'ultime phase, la plus délicate, de leur mission.»

Quatre mille militaires sont toujours engagés au Mali. En effet, l'ONU table sur la «présence complète» de sa «mission de stabilisation» dans ce pays en juillet pour remplacer la mission africaine Misma et le gros de l'armée française, a déclaré samedi à Bamako Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU.

«Il ne s'agit pas d'une force d'interposition», a déclaré Edmond Mulet  à l'issue d'une mission exploratoire d'une semaine au Mali qui l'a amené à rencontrer le président par intérim Dioncounda Traoré et son Premier ministre Diango Cissoko, et à se rendre à Tombouctou.  Avant d'ajouter: «les membres du Conseil de sécurité et les Etats membres sont très clairs pour que le Mali étende son autorité sur tout le territoire du Mali», a dit le responsable de l'ONU. «La souveraineté du Mali est l'objectif principal de cet appui international».

Vers une mission de stabilisation

La mission d'Edmond Mulet vise à préparer un rapport spécial que le secrétaire général devra présenter au conseil de sécurité avant la fin du mois. «Basé sur ce rapport, il est probable que le Conseil de sécurité puisse approuver une résolution pour créer une mission de stabilisation des Nations unies au Mali», a précisé Edmond  Mulet qui sera à Paris lundi.

Le déploiement de cette mission de stabilisation doit se faire en coordination avec les forces françaises. «La France a dit qu'elle serait sur le terrain le temps nécessaire et s'il y a encore du travail à faire ils (les forces françaises, ndlr) continueront de le faire», a ajouté le responsable de l'ONU.

La France, intervenue seule militairement le 11 janvier au Mali pour en chasser les groupes armés islamistes. Le gouvernement  avait annoncé mardi un prochain passage de relais à l'ONU avec un probable vote en avril d'une résolution sur une opération de maintien de la paix. Le président français François Hollande a annoncé que le retrait des troupes française commencerait en avril. «Nous allons passer du cadre actuel (...) à un nouveau dispositif diplomatique qui est accepté par tous les membres du Conseil de sécurité, une opération de maintien de la paix (OMP), qui devrait probablement être votée au mois d'avril et appliquée deux mois plus tard», avait déclaré Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères.

La Misma déploie actuellement au Mali environ 6 300 soldats d'Afrique de l'Ouest et du Tchad, auxquels s'ajoutent 4 000 soldats français.


Le ministre de la Défense rend hommage aux deux militaires tués par Merah à Montauban


Jean-Yves le Drian a décoré Abel Chennouf et Mohamed Legouad de la Légion d'honneur à titre posthume et rendu hommage à Loïc Liber, blessé lors de l'attaque et resté paralysé.



Montauban et le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, ont rendu hommage vendredi aux deux parachutistes «lâchement assassinés» et au troisième grièvement blessé par Mohamed Merah il y a un an jour pour jour.
«Qu’il s’agisse d’enfants ou de soldats, ce sont des Français et c’est la France qu’on a voulu toucher. Et c’est la France rassemblée qui se recueille un an après dans le souvenir des drames de Toulouse et de Montauban», a déclaré Jean-Yves Le Drian, lors d’une émouvante cérémonie sur la place d’armes du 17e Régiment de génie parachutiste, situé dans Montauban.
Les assassinats du caporal-chef Abel Chennouf et du caporal Mohamed Legouad avaient fait basculer dans une toute autre dimension l’enquête sur l’assassinat mystérieux d’un autre parachutiste à Toulouse, quatre jours plus tôt. C’est à cause des engagements extérieurs de la France que Merah, délinquant multirécidiviste devenu criminel au nom du jihad, s’en était pris à ces soldats. Le 19 mars, le «tueur au scooter» avait ensuite poursuivi son équipée sanglante en abattant trois enfants et un enseignant juifs à l’école juive Ozar Hatorah à Toulouse, avant d’être tué par le Raid le 22.
Comme il l’avait fait lundi à Toulouse pour la première victime de Merah, le parachutiste Imad Ibn Ziaten, Le Drian a remis aux deux militaires de Montauban la Légion d’honneur à titre posthume. A 300 mètres de leur caserne, le 15 mars 2012 devant un distributeur de billets, Mohamed Merah abattait les deux parachutistes et laissait pour mort leur camarade, Loïc Liber, avant de ramasser ses douilles et de s’enfuir sur son scooter en criant «Allah Akbar».




Les familles et 300 parachutistes


La cérémonie vendredi s’est déroulée en présence de 300 parachutistes, arborant bérets rouges et treillis d’apparat, et des familles des deux victimes : les parents, frères et sœurs de Mohamed Legouad, les parents d’Abel Chennouf ainsi que son épouse. Mais tous les regards ont été attirés par un petit garçon de 10 mois tout de bleu vêtu : le fils d’Abel Chennouf, né deux mois après la mort de son père et qui, selon sa mère Caroline Monet-Chennouf, l’aide à échapper au «cauchemar». La voix serrée, la mère d’Abel s’est présentée à la presse à la fin de la cérémonie et est parvenue à glisser : «Mon rayon de soleil s’est éteint le 15 mars, abattu comme un chien.»
«Je suis d’habitude un peu froid, mais là j’ai versé quelques larmes. Cela fait du bien la reconnaissance de la Nation, de l’armée, la Grande muette qui n’oublie jamais les siens», a déclaré son père, Albert Chennouf«Je m’attendais à ce qu’il meure en Afghanistan. Il est mort chez lui à la maison», a-t-il ajouté.
Absent de marque mais très présent par la pensée comme l’a indiqué son avocate, Loïc Liber, qui recommence seulement à parler sans assistance mais restera paralysé, devait passer la journée entouré de ses proches à l’hôpital en région parisienne. «Mes pensées vont à Loïc Liber», a dit Jean-Yves Le Drian, saluant «son courage et sa volonté de vivre» qui sont «une leçon pour nous tous».
Montauban a été profondément choquée par ces assassinats. La ville de 58 000 habitants revendique en effet des relations anciennes et fortes avec ses quelque 2 000 soldats et personnels de la Défense, dont 750 au 17e RGP. Les Montalbanais ont été abasourdis de voir frapper en France un régiment auquel ils sont attachés et qui a perdu plusieurs des siens depuis 2008 en Afghanistan.
En début d’après-midi, plusieurs centaines d’entre eux ont assisté au dévoilement d’une plaque, par deux enfants du conseil municipal des jeunes, à la mémoire des victimes, à l’endroit même où elles furent assassinées. Une cérémonie saluée comme «un geste sublime» par Albert Chennouf. Les proches des victimes de Merah n’en auront pas fini avec des commémorations qu’ils jugent nécessaires, bien que douloureuses. Dimanche, le président François Hollande sera à Toulouse à l’occasion d’une marche à la mémoire des victimes du «tueur au scooter».

Mali: l'ONU compte prendre le relais de l'armée française en juillet


Par , publié le 

L'ONU table sur la "présence complète" de sa "mission de stabilisation" au Mali en juillet pour remplacer la mission africaine Misma et le gros de l'armée française, a déclaré samedi à Bamako Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. 


Mali: l'ONU compte prendre le relais de l'armée française en juillet
La france espérait passer la main en juin au Mali à une force chapeautée par l'ONU
afp.com/Kenzo Tribouillard


La France espérait passer la main en juin au Mali, où elle intervient depuis le 11 janvier, mais elle devra patienter au moins un mois de plus avant de voir arriver une force chapeautée par l'ONU. 
"Juillet pourrait voir le transfert de la Misma vers la mission de stabilisation de l'ONU", a déclaré samedi à Bamako Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de maintien de la paix de l'ONU. Il a par ailleurs précisé que ce déploiement devait être précédé par un vote au Conseil de sécurité de l'ONU.  
"Il ne s'agit pas d'une force d'interposition", a déclaré Edmond Mulet à la presse, à l'issue d'une mission d'une mission d'une semaine au Mali. 
"On ne fait pas tampon entre le Nord et le Sud. Les membres du Conseil de sécurité et les Etats membres sont très clairs pour que le Mali étende son autorité sur tout le territoire du Mali", a-t-il ajouté."La souveraineté du Mali est l'objectif principal de cet appui international", selon ce responsable de l'ONU. 
La France, intervenue seule militairement le 11 janvier au Mali pour en chasser les groupes armés islamistes, avait annoncé mardi un prochain passage de relais à l'ONU avec un probable vote en avril d'une résolution sur une opération de maintien de la paix. 
"Nous allons passer du cadre actuel (...) à un nouveau dispositif diplomatique qui est accepté par tous les membres du Conseil de sécurité, une opération de maintien de la paix (OMP), qui devrait probablement être votée au mois d'avril et appliquée deux mois plus tard", avait déclaré Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères. 
La Misma déploie actuellement au Mali environ 6.300 soldats d'Afrique de l'Ouest et du Tchad, auxquels s'ajoutent quelque 4.000 soldts français. 
"La force de sécurisation de l'ONU reprendra la Misma et pourra être étendue à d'autres", a observé Laurent Fabius. 
Elle pourrait mobiliser au total jusqu'à 10.000 hommes. Aux forces africaines actuellement dans la Misma qui inclut depuis peu le contingent tchadien, pourraient s'ajouter d'autres unités, notamment burundaises et mauritaniennes. 

jeudi 14 mars 2013

Le budget de la Défense dans le viseur de Bercy


Jean-Yves Le Drian va présenter dans les prochains jours le nouveau Livre blanc de la défense (BFMBusiness)


LES CHIFFRES CLÉSLe poids des militaires en France : 

> 38,2 milliards d'euros en 2013 (y compris les pensions)

dont dépenses d'équipement : 16 milliards

> 1,56% du PIB

> 288.930 civils et militaires employés

Source: loi de finances pour 2013
CE QU'IL FAUT RETENIREn 2013: 

> réduction des effectifs de 7162 personnes

> réduction des dépenses de fonctionnement de 7%

Source : PLF 2013


Grandes manoeuvres autour de l'effort financier de la nation pour sa défense à quelques jours de la publication par le gouvernement du nouveau "Livre Blanc" qui doit définir les priorités militaires pour la période 2014-2018.

Mercredi 13 mars, les présidents des groupes politiques du Sénat, exception faite des écologistes, ont publié un communiqué exprimant "leur très vive préoccupation devant les perspectives de réduction de l’effort de défense de la France c'est-à-dire de sa capacité d’influence dans le monde".

Ils "considèrent que le passage d’un effort de défense de 1,56 % en 2011 à 1,1 % en 2025, tel qu’il est envisagé, ne permettrait plus aux autorités de notre pays de maintenir le rôle de la France au niveau qui est le sien aujourd’hui".

Ils ajoutent : "la diminution temporaire du budget de la Défense dans la perspective d’une remontée à terme est illusoire. Une capacité militaire ne peut s’évaluer à la simple lecture de l’inventaire des matériels".

De leur côté, les patrons de sept grands groupes d'armement, Thales, Nexter, DCNS, Dassault Aviation, Safran, MBDA, EADS France, viennent de demander officiellement audience au chef de l'Etat pour l'alerter sur les conséquences économiques et en terme d'emplois d'éventuelles tailles dans le budget de la défense. 

Des réductions d'effectifs entamées sous Sarkozy

Tous ont évidemment en tête les 5 milliards d'effortsréclamés par Jean-Marc Ayrault à ses ministres dans la lettre de cadrage budgétaire qu'il a envoyé le 8 mars. Pour le ministre de la Défense en tout cas, il existe en France "deux contraines de souveraineté" : que le pays "tienne son rang" militairement, mais aussi qu’il se désendette. Une équation à laquelle il "n’est pas en mesure" de répondre pour l'instant, a-t-il expliqué le sur BFMTV le 5 mars.

A vrai dire, le dégraissage a déjà commencé. Au terme de la loi de programmation votée sous Nicolas Sarkozy, la défense aura perdu 54 000 militaires et civils en 2014, soit 17% de ses effectifs. L'armée devra tourner avec moins de 300.000 personnes. De 2008 à 2014, les économies de fonctionnement déjà engagées devraient atteindre 6,7 milliards d'euros.

Concernant les moyens financiers, le gouvernement Fillon a également amputé la loi de programmation de près de 3 milliards d'euros sur 180 milliards.

Comment réaliser de nouvelles économies ? Dans un rapport présenté le 11 juillet, la Cour des comptes pointait en tout cas des gisements potentiels n'affectant pas "la capacité opérationelle de nos armées", selon son expression. Elle évoquait en particulier la rationalisation de la politique immobilière du ministère, la poursuite de la mutualisation des moyens entre les diiférentes armes ou encore la réforme du service de santé des armées. 


Les industriels de la Défense craignent un scénario noir


                                             Le Rafale lors du conflit armé au Mali
Alors que la publication du livre blanc sur la Défense pourrait intervenir la semaine prochaine, les industriels et les élus ont interpellé le président de la République pour éviter que les activités de défense ne soient pas la variable d'ajustement des coupes budgétaires envisagées par l'Etat.
Un scénario noir pour le futur budget du ministère de la défense circule bien dans les allées de Bercy. A l'heure où le gouvernement demande à tous ses ministères de contribuer au redressement des comptes publics, celui de la Défense serait particulièrement touché. Du moins selon certaines fuites qui ont mobilisé les industriels du secteur mais également les élus de la commission de Défense du Sénat.
Jean-Louis Carrère, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées évoque ainsi le scénario du pire, baptisé scénario Z par les éminences grises de Bercy. Dans ce schéma, les investissements de la nation pour ses activités de Défense seraient réduits à 1,1% du PIB en 2025 contre 1,56% en 2011. "La patrie est en danger car sa défense l'est (….) Il est de l'intérêt de la nation de maintenir son effort de Défense. La France ne pourrait plus tenir son rang dans le monde et connaitrait un déclassement significatif. (…) Notre pays ne serait plus écouté, ni audible (…)", a-t-il précisé lors d’une réunion de la Commission ce mercredi 13 mars.
"L’effort de défense doit être maintenu à un niveau qui permette de préserver la sécurité intérieure et extérieure de la France et sa capacité d’influence. Ce seuil, en deçà duquel il ne faut pas descendre, est de 1,5% du PIB", explique-t-il. Cela représente un effort de l'ordre de 30 milliards d'euros par an. Selon le sénateur, les baisses de budget envisagées par Bercy pourraient entrainer la suppression de dizaines de milliers d'emplois mais également des pertes de compétences et technologiques difficilement récupérables...
"UNE ARMÉE DE POCHE"
Le conflit au Mali souligne d'ailleurs le manque de certains moyens critiques de nos armées en matière de drones, de ravitailleurs, d'avion de transport. "Nous avons de plus en plus une armée de poche" s'est encore désolé Jean-Louis Carrère. Les sénateurs de la commission Défense ont rappelé aussi certaines réalités économiques: le secteur de la Défense emploie au total 400 000 personnes, les ventes à l'exportation de matériel militaire s'élèvent à 5 milliards d'euros par an et contribuent à la balance commerciale autant que l'Agriculture.
A l'approche de la remise du prochain Livre blanc sur la défense au président de la République, sans doute avant la fin du mois du mars, le vent de panique touche également les industriels de la défense. Selon les Échos, les principaux acteurs du domaine (DCNSEADS, MBDA, Nexter, SafranThales...) auraient adressé une lettre au président de la République pour éviter de faire les frais de coupes budgétaires trop brutales.
Une initiative commune exceptionnelle à ce niveau. "Je suis très inquiet que le bubget de Défense serve de variable d'ajustement. On risque de mettre en péril un grand savoir faire français au nom de problèmes économiques plus globaux", avait déjà affirmé Jean-Bernard Levy, nouveau PDG de Thales lors de l'annonce des résultats annuels du groupe début mars. Pour sauver le soldat Défense, c'est décidément l'union sacrée.
Hassan Meddah

mardi 12 mars 2013

Déclin de l’armée française ? Dialogue Jean Cot – Catherine Durandin


Par Catherine DURANDINJean COT*, le 8 mars 2013 


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Jean Cot, général d’armée (2S). Ancien commandant de la 1ère armée, de 1990 jusqu’à 1993. Il a été à la tête de la Forpronu (Force de protection des Nations unies) en ex-Yougoslavie de juillet 1993 à mars 1994. Catherine Durandin est écrivain, historienne. Ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure, Agrégée d’Histoire, Docteur es Lettres. Diplômée de roumain, INALCO. Auditrice IHEDN, 37 éme session. Conseiller scientifique du Centre géopolitique.
Le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale se fait attendre mais les questions demeurent. Sans langue de bois, le général d’armée Jean Cot (2S) et Catherine Durandin (IHEDN, 37e session) dialoguent à propos du lien Armée / Nation en France. Cet échange a lieu à l’occasion de la publication du nouvel ouvrage de Catherine Durandin, Le déclin de l’armée française, Paris, François Bourin Editeur, 2013, 266 p.
Jean Cot : Dans ce livre, Catherine Durandin, vous proposez un panorama très vaste, non seulement de l’armée d’aujourd’hui, mais vous abordez aussi des thèmes plus larges comme l’esprit et l’enseignement de Défense, les causes justes, la mort du soldat et beaucoup d’autres.
On ne peut que se réjouir qu’une universitaire porte un tel intérêt à ces questions et en connaisse aussi bien les nuances.
Catherine Durandin : Universitaire, oui, historienne de formation, disciple de Jean Baptiste Duroselle [1] en relations internationales. J’ai été toujours passionnée par le rapport Armée/Nation, la réflexion sur la puissance et sur les évolutions des identités nationales. J’ai beaucoup apprécié mon année passée à l’IHEDN (37e session) et ai eu la chance de servir comme consultante à la Direction aux affaires stratégiques du ministère de la Défense de 1992 à 2010. Ces expériences m’ont amenée à fréquenter, à écouter mes collègues militaires.
Jean Cot : On pourrait relever que vous posez plus de questions que vous n’apportez de réponses mais, après tout, un problème bien énoncé n’est-il pas à moitié résolu ?
Catherine Durandin : Bien sûr des questions sans réponse. La réponse n’appartient- elle pas aux politiques ? Je ne maîtrise pas le budget de la France. Je prends des positions : je m’inquiète du développement des Sociétés Militaires Privées (SMP). J’ouvre des perspectives et propose de réfléchir à une alternative à la suspension du Service National sous forme d’un engagement citoyen d’un an au service de notre société, engagement obligatoire et universel.
Jean Cot : J’ai lu votre livre d’une traite parce qu’il est bien écrit et offre beaucoup plus que ce qu’annonce son titre, « Le déclin de l’armée française » n’étant évoqué que de manière dispersée, presque « entre les lignes ». C’est pourquoi, mis en appétit, j’aimerais que vous reveniez sur ce thème précis, à l’occasion d’un autre écrit.

Catherine Durandin : L’écriture ! Oui écrire me structure, écrire est une manière d’organiser les images et de tracer le fil du sens. C’est pourquoi, j’écris aussi des romans : le dernier Douce France s’inscrit en cette quête de l’identité française à travers trois générations de femmes…Quant au déclin…

Quel déclin de l’armée française ?

Jean Cot : Le déclin ! Si ce déclin évident résultait seulement, aux yeux des citoyens, de l’éloignement de la menace, il suffirait, pour l’endiguer, que le pouvoir développe - ce qu’il ne fait pas - une pédagogie intelligente. Elle montrerait que dans un monde globalisé, les risques et menaces, souvent mal cernés, lointains dans le temps et dans l’espace, n’en sont pas moins réels et vitaux pour la France et l’Europe, et requièrent, parmi d’autres moyens, un outil de défense efficace qui ne saurait être reconstitué au moment du besoin.
Catherine Durandin : Le déclin est indéniable et sans doute n’ai-je pas évité quelques moments de nostalgie en cet ouvrage. Rappelons des faits qui vous sont connus et que vous déplorez : la diminution du budget de la défense qui se chiffre à moins de 1,6 % du PIB, la déflation des effectifs de l’armée de terre en particulier, l’insuffisance des matériels dont témoignent les opérations au Mali, aujourd’hui aidées par les transporteurs et les drones américains. Je souligne longuement le délitement du lien Armée / Nation depuis la suspension du service national votée en 1996. Votre propre analyse des causes de ce déclin ?
Jean Cot : Je crois que l’une des raisons principales de ce déclin vient de la perte de poids et d’influence des hautes autorités militaires dans l’appareil gouvernemental. Cela est d’autant plus préoccupant que les dites autorités semblent s’en accommoder et même avoir été choisies pour cela.
Sans parler du silence assourdissant de ces autorités dans les médias, comment expliquer le passage du militaire au civil de grands organismes à haute teneur stratégique et militaire que sont le SGDSN, la DGSE, la DICOD, la DPSD, la DAS et d’autres encore ? Pourquoi pas demain, sur proposition du contrôle des armées, un haut fonctionnaire CEMA.

Le métier de soldat n’est plus compris

Catherine Durandin : La tendance est à l’extension du contrôle civil sur le militaire. C’est la ligne qui fut d’ailleurs imposée aux candidats à l’intégration dans l’OTAN, ex membres du Pacte de Varsovie, lors de sa mise en œuvre en 1994 du Partenariat pour la Paix.
Je crois de mon côté que le statut social des armées s’est dégradé. Et je constate un fossé entre la médiocrité de la banalité quotidienne au retour des Opérations Extérieures à risque et les motivations, service, honneur, aventure des jeunes recrues engagées. Il est rare qu’après cinq ans, ils renouvellent le contrat.
Enfin, cette perception que l’armée a de son déclin vient du fait que le métier de soldat n’est plus compris : le droit de donner la mort, le risque de la recevoir. La mort du soldat émeut et choque, ponctuellement, comme s’il s’agissait d’un accident qui aurait pu être évité. Que l’éducation nationale s’emploie à intégrer les questions de Défense dans les programmes d’Education civique juridique et sociale (ECJS) ne modifie pas le rapport à la mort, une mort refusée.
Jean Cot : Qu’un général en retraite ose s’exprimer en toute liberté et demander que les directions des organismes de défense, reviennent à des militaires, cela ne peut avoir aucun écho. Si vous vous y engagiez, ce serait autre chose ! Chiche ?
Catherine Durandin : Vous vous méprenez sur l’absence d’écho des écrits et des propos des généraux en retraite. Ces voix venues de la compétence, de l’expérience sont essentielles. Ecouter les généraux, stratèges, humanistes, les lire m’a beaucoup appris. Il y a là une culture militaire vivante.
En tant qu’universitaire, citoyenne et écrivain, j’ai voulu me faire la porte parole « desblues » de nos armées. Car ces mécontentements, ces frustrations et ces désenchantements sont ceux de larges parties de la société qui s’interrogent sur leur République, leur Nation et sa sécurité. Le déclin, c’est un affaiblissement de leur pays que ressentent nombre de Français. Alors, c’est de remobilisation dont il faut parler, de mémoire, d’éducation et d’espoir. Du bonheur, pourquoi pas, d’être français et de sa signification. 
Tournons la page du déclin.
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Catherine Durandin, Le déclin de l’armée française, Paris, François Bourin Editeur, 2013, 266 p.
Déclin de l'armée française ? Dialogue Jean Cot – Catherine Durandin
4e de couverture
L’armée française est en danger. Avec l’avènement d’une armée de soldats professionnels, le lien tissé par la conscription entre le soldat et le citoyen s’est délité. De l’Afghanistan à la Libye en passant par la Côte d’Ivoire, le soldat est ignoré, les blessés oubliés. L’armée, isolée en son code d’honneur et sa discipline, a le blues. Elle subit également de plein fouet les effets des économies de budget.
Paradoxalement, les citoyens très attachés à la garantie de leur sécurité, se satisfont des rituels bien huilés des commémorations, du 14 juillet au 11 novembre. Les Français restent sensibles à la mise en scène de la puissance nationale.
Mais s’en tenir aux parades militaires, c’est s’aveugler. C’est ignorer que la conduite de la guerre se privatise : voici venue l’époque des mercenaires et des sociétés militaires privées.
Faut-il renoncer ainsi à l’engagement citoyen en faveur de la défense des valeurs démocratiques ? Une prise de conscience de la réalité des menaces du temps présent est nécessaire. Le déclin de l’armée française est-il vraiment inéluctable ?