jeudi 7 février 2013

Mali : soldats français et tchadiens proches de la frontière algérienne



Un convoi de soldats français en direction de Gao, le 7 février au Mali.
Un convoi de soldats français en direction de Gao, le 7 février au Mali. (Photo Pascal Guyot. AFP)


Dans le même temps, une ex-ambassadrice américaine affirme que Paris a versé une rançon de 17 millions de dollars pour la libération de quatre otages retenus depuis 2010 au Sahel.

Des soldats français et tchadiens sont arrivés jeudi soir à Aguelhok, dans l’extrême nord-est du Mali, dans la région de Kidal qui constitue le dernier fief des groupes islamistes armés, près de la frontière algérienne. Cette nouvelle avancée des forces françaises survient alors que les islamistes, qui ont abandonné presque sans combats le nord du Mali, ont affirmé jeudi avoir ouvert un nouveau front, en posant des mines qui ont tué quatre civils maliens mercredi dans une explosion.
Les régions d’Aguelhok et de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, sont la cible depuis plusieurs jours d’intenses frappes aériennes françaises, visant des dépôts logistiques et des centres d’entraînement des groupes islamistes. Aguelhok, à moins de 300 km de la frontière algérienne, avait été le théâtre, en janvier 2012, du massacre d’une centaine de soldats et de civils maliens, peu après la prise de la ville par des rebelles touareg et des islamistes armés.
Elle se situe dans le massif des Ifoghas, vaste zone de montagnes et de grottes où selon des experts et des sources de sécurité, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés. Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), un ex-rebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal qui connaît parfaitement la région.
C’est aussi dans cette région que les sept otages français au Sahel seraient détenus.

Rançon

Une ex-ambassadrice américaine à Bamako a d'ailleurs affirmé dans un entretien à iTélé ce vendredi que Paris aurait payé une rançon de 17 millions de dollars pour la libération de ces quatre otages, enlevés au Niger il y a deux ans. «Il y a deux ans, Aqmi a pris des Français en otages dans une mine d’uranium au nord du Niger, et pour faire libérer ces otages la France a payé une rançon d’environ 17 millions de dollars», déclare dans cette interview Vicki J. Huddleston, qui fut ambassadrice au Mali de 2002 à 2005.
«Les rançons, comme toutes les rançons, ont été payées indirectement. Elles ont terminé entre les mains du gouvernement malien et ensuite elles sont retournées, du moins une partie, aux salafistes», a-t-elle ajouté.
Aucun combat n’a été signalé à Aguelhok. Mais un porte-parole du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a assuré jeudi avoir ouvert un nouveau front face aux soldats français, maliens et africains en minant massivement les routes qu’ils doivent emprunter.
«Nous avons réussi à créer une nouvelle zone de conflit, à organiser des attaques de convois et organiser des kamikazes», a déclaré dans un communiqué adressé à l’AFP Abu Walid Sahraoui. «Nous appelons les citoyens à ne pas se déplacer sur les routes nationales parce qu’il y a danger de champs de mines», a-t-il souligné, tout en «exhortant au jihad (guerre sainte) contre les régimes infidèles, pour établir la charia (loi islamique) et libérer les musulmans».
Le Mujao, l’un des groupes islamistes armés qui ont contrôlé le Nord du Mali pendant plus de neuf mois, multipliant les exactions, a ainsi revendiqué deux récentes explosions de mines qui ont frappé des véhicules de civils et de soldats maliens.
Mercredi, un véhicule «a sauté sur une mine posée par les criminels islamistes entre Douentza et Gao. Il y a eu quatre morts», a déclaré à l’AFP un officier de la gendarmerie de Douentza, à 800 km au nord-est de Bamako.
Dans un premier temps, cet officier avait affirmé que les quatre victimes étaient des soldats maliens. «C'étaient des civils qui revenaient d’une foire, sur un marché hebdomadaire dans la région», a ensuite précisé le responsable de la gendarmerie. Cette dernière information a été confirmée par un membre du syndicat local des transporteurs.
Les militaires français ont fait part à plusieurs reprises de leur vigilance à l'égard d'éventuelles mines ou bombes artisanales, que les islamistes auraient pu dissimuler avant de prendre la fuite.
A New York, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a d’ailleurs souligné jeudi les risques d’une guérilla au Mali tout en se réjouissant du succès de l’offensive militaire française. «Les opérations militaires ont jusqu’ici été efficaces et réussies», a-t-il estimé devant quelques journalistes, soulignant que «les jihadistes, les groupes armés et les éléments terroristes ont semble-t-il fui». «Mais notre préoccupation est qu’ils pourraient revenir. Ils ripostent dans certaines zones (...) et cela pourrait affecter les pays de la région», a-t-il ajouté.
(AFP)

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